Château actuellement musée

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Les origines et la fortification du site

Le castrum de Pau est mentionné dans des actes officiels à partir de la fin du 12e siècle, Gaston IV de Béarn (1074-1130) ou Gaston VI Moncade (1173-1214) en étant les probables commanditaires. Les fouilles archéologiques menées en 2014 dans la cour ont mis au jour un premier donjon, les données stratigraphiques et le mobilier évoquant une mise en place entre le 11e et le 13e siècles. Les tours Billère, Mazères et Montauser seraient les constructions les plus anciennes en partie conservées en élévation datant de cette époque. Une phase importante de remaniement et fortification (arasement partiel du site, construction du donjon de briques) est entreprise sous l'impulsion de Gaston III de Foix-Béarn dit Febus (1331-1391) et Sicard de Lordat, maître d'œuvre originaire du comté de Foix.

Du château-fort au château

La transformation de la forteresse en résidence a lieu dans la deuxième moitié du 15e siècle, avec les travaux réalisés par Gaston IV de Foix-Béarn (1425-1472) et le maestre d'obres de Monsenhor, Bertrand de Bardelon, dont la présence est attestée à Pau dès 1442. Les traces de ces remaniements sont ténues en l'absence d'archives et la destruction partielle de ces ajouts au 19e siècle. Catherine de Navarre (1468-1517) et Jean d'Albret (1469-1516), rois de Navarre, lancent de nouveaux travaux à leur arrivée à Pau en 1512. Peyroton de Peyrer, natif de Saucède, est alors leur maître d'œuvre. Henri II d'Albret (1503-1555) et Marguerite d'Angoulême (1492-1549) vont également profondément transformer le logis. Une équipe composée d'ouvriers français originaires du Berry, du Maine, de la Touraine et de l'Angoumois, et d'un ferronnier italien Richard de Mantoue travaillent pour eux sous la direction d'un maître maçon dit également maître d'œuvres, Pierre Tourner, pour leur compte. En 1569, année où les troubles religieux gagnent le Béarn, Jérôme de Vize, maître d'œuvre et de réparation en Béarn effectue quelques aménagements de fortification. Un jeu de paume, attesté dès 1420, est détruit la même année puis reconstruit deux ans plus tard, le même de Vize en construisant un deuxième en 1598 (démoli en 1824). Trois portes d'entrée sont créées ou remodelées entre 1582 et 1592. Une transformation complète du parc et des jardins accompagne au 16e siècle ces travaux sur le château. Un corps de galeries en pan de bois à l'est est attesté par l'iconographie et pourrait dater de cette période, comprise entre la fin du 15e et le 16e siècle.

Le départ d'Henri de Bourbon (futur Henri IV) vers la cour de France, son avènement comme roi de France et le départ de sa sœur Catherine en 1592 signent la fin des grandes campagnes d'aménagement du château. Il s'agit plus de phases d'entretien, liées ou non à des dommages (incendie en 1659, en 1736, ouragan en 1745...). À la Révolution, le château comme bien national est respecté dans ses formes et ses fonctions en hommage au lieu qui vit naître Henri IV, avec quelques travaux d'entretien par l'architecte Jean Latapie fils. Le bâtiment est jugé en mauvais état lors de la tournée de Napoléon en 1808 ; il est fait appel à l'architecte Auguste Famin entre 1808 et 1824 pour un état des lieux et des propositions, qui restent à l'état de projet.

De la résidence royale au musée national

Louis Philippe lance des travaux d'entretien, d'embellissement et d'aménagements intérieurs conséquents en 1838, en hommage au passé Renaissance de l'édifice, qui ne sont achevés qu'après 1870 sous la Troisième République. Ces travaux sont en partie réalisés sous la houlette de l'architecte Pierre-Bernard Lefranc et de Vincent Latapie comme architecte d'opération. L'édifice est protégé au titre des Monuments historiques en 1840. Lors de ce regain d'intérêt de la résidence au regard du pouvoir royal, un certain nombre de démolitions est entrepris afin de dégager le corps principal d'adjonctions à l'état précaire (galeries est et aile de la chancellerie, loge de la porte Corisande, maisons des soldats...). L'avant-corps du donjon Febus et porte d'entrée du château est transformé en 1840 en chapelle. Un grand portique d'entrée à l'est est créé par l'architecte Gabriel Ancelet en 1862. La demeure prestigieuse sert à de nombreuses réceptions officielles. Elle devient lieu de mémoire et musée national consacré à Henri IV en 1929.

Périodes

Principale : 12e siècle (incertitude)

Secondaire : 2e moitié 15e siècle

Principale : 1er quart 16e siècle

Secondaire : 3e quart 16e siècle

Secondaire : 4e quart 16e siècle

Secondaire : 1er quart 19e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1512, daté par source

1569, daté par source

1592, porte la date

1862, daté par source

Auteurs Auteur : Gaston IV de Béarn, auteur commanditaire (attribution par travaux historiques)
Auteur : Gaston VI Moncade, auteur commanditaire (attribution par travaux historiques)
Auteur : Gaston III de Foix-Béarn

Comte de Foix et vicomte de Béarn.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Lordat Sicard de

Maître d'œuvre de Gaston Febus pour plusieurs de ses forteresses.

, maître de l'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Bardelon Bertrand de

Maître d'œuvres, XVe siècle.

, maître d'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Gaston IV de Foix-Béarn

Comte de Foix et vicomte de Béarn.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Ancelet Gabriel-Auguste

Grand prix de Rome en 1851. Architecte entr'autres du château de Pau pour la Maison de l'Empereur.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Catherine de Navarre, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Jean III de Navarre

Roi de Navarre par mariage de 1484 à 1516.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Henri II de Navarre

Roi de Navarre de 1517 à 1555.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Marguerite de Navarre

Reine consort de Navarre par son second mariage en 1527.

, auteur commanditaire (attribution par source)
Auteur : Peyrer Peyroton de

Maître d'œuvre du 16e siècle, né à Saucède près d'Oloron.

, maître de l'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Tourner Pierre

Maître d'œuvre, 16e siècle.

, maître d'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Vize Jérôme de

Maître d'œuvre, 16e siècle.

, maître d'oeuvre (attribution par source)
Auteur : Latapie Jean

Architecte municipal de Pau (1810-1837), ayant œuvré à d'autres chantiers (Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes...).

Fils de Guillaume Latapie, maçon de Jurançon, et frère aîné de Vincent Latapie, architecte départemental des Basses-Pyrénées, avec lequel il est parfois confondu.

,
Auteur : Lefranc Pierre-Bernard

Architecte, élève de Percier et Fontaine à l'école des Beaux-arts.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Latapie Vincent

Architecte départemental des Basses-Pyrénées de 1837 à 1853 ; intervient également comme architecte secondaire de la Couronne sur le chantier du château de Pau.

Fils de Guillaume Latapie, maçon de Jurançon, et frère cadet de Jean Latapie, architecte municipal de Pau, avec lequel il est parfois confondu.

, architecte (attribution par travaux historiques)

Situation

Le château est implanté sur un éperon barré délimité par deux anciens ruisseaux, le Hédas et l'Ousse, et surmontant le Gave de Pau d'une vingtaine de mètres. Mis au jour lors de fouilles archéologiques, le premier état du château s'avère composé d'un donjon approximativement carré hors œuvre, implanté dans l'actuelle cour d'honneur et dont les fondations (maçonneries de galets du Gave liées au mortier de chaux) mesurent 10 m sur 11 m. À l'ouest, deux tours d'angle carrées, la tour Billère et la tour Mazères, auraient complété ce dispositif castral, avec un mur d'enceinte et un chemin de ronde liant les tours entr'elles. À l'est, la tour Montauser (11.80 m de long, 6.85 m de large, 25 m de haut) est en partie composée des maçonneries du donjon d'origine qui aurait été arasé à son profit par la suite et aujourd'hui conservées sur 12 à 15 m de hauteur.

Les profonds remaniements fébusiens visent à fortifier le site : glacis abrupt (60°) de pierre de taille protégeant les versants de la plateforme accompagné d'importants remblaiements et d'un nouveau talus, enceinte extérieure crénelée, construction de deux nouvelles tours... La tour du Moulin se veut un ouvrage défensif tourné vers le Gave et en lien avec l'entrée de la ville, à mi-chemin entre le Gave et le château. Ses deux premiers niveaux témoignent de l'aménagement d'un moulin et de l'utilisation de la force hydraulique de l'eau du canal pour frapper monnaie. Construite en galet, brique et pierre de taille (témoignage probable de différents états d'entretien), elle est haute de 18 m. Un nouveau donjon de brique est édifié, haut de 3 m pour 12 m sur 16. Son couronnement est composé d'un crénelage de pierre de taille. Une porte d'entrée en permettait l'accès depuis le sud-est du site pour déboucher ensuite directement dans la cour. Une aile sud de deux niveaux semble contemporaine de ces dispositifs, sans que ses formes ne soient connues. Au sud-est, la porte du Terrer protégeait l'accès au village, accès toujours existant.

Du château-fort au château

Afin de transformer la forteresse en résidence, le château fébusien est remanié petit à petit. Les tours crénelées sont couvertes d'ardoise. Le logis sud est surélevé d'un niveau percé de fenêtres et surmonté d'un comble, ouvert par des lucarnes à fronton. Une transformation de l'enceinte au nord est effectuée sur le même principe que l'aile méridionale.

Les travaux de la Renaissance consacrent l'aile méridionale comme logis consacré aux appartements nobles : ajout de 3 grandes lucarnes en façade extérieure (décor de candélabres, frises, pilastres), percement de larges baies au rez-de-chaussée, création d'une longue terrasse reposant sur une voûte en berceau au sud, accompagnées deux autres terrasses à l'ouest pour jouir de la vue vers le parc. Un grand escalier droit, rampe sur rampe, est créé, simplement éclairé de fenêtres barlongues très simples, ouvertes vers le sud à chaque palier en arc déprimé donnant sur la cour d'honneur ; il est voûté en anse-de-panier sur les volées et d'ogives à liernes et tiercerons pour les paliers et repos. Il est sculpté des monogrammes [H et M] reliés par des lacs d'amour. Il prend probablement la place des anciennes cuisines médiévales, déplacées dans l'aile ouest. Ces nouvelles cuisines sont de plan trapézoïdal, voûtées d'ogives et dotées de deux grandes cheminées nord et sud. Revêtue d'un parement de pierre de taille, la façade occidentale donnant sur la cour fait l'objet d'un programme sculpté de grande envergure sur fond d'arabesques : trois belles croisées superposées surmontées d'une lucarne à fronton triangulaire et flanquées de part et d'autre de médaillons à l'antique. Les fortifications sont tout de même mises au goût du jour, une caponnière double étant élevée à l'angle ouest de l'enceinte extérieure. Une porte de la Garenne ou porte Corisande, tour-porte à pont-levis et arcade unique, est construite au-dessus du Hédas au nord de l'enceinte extérieure. L'un des derniers aménagements semble être la transformation de la porte du Terrer au sud-est, avec un pavillon formant avant-corps de la muraille. À l'est du donjon fébusien, un nouvel accès est aménagé par un pont-levis reposant à l'est sur un pont dormant, sommé d'une plaque à la gloire d'Henri IV (Henricus dei gratia / Christianissimus rex Franciae / Navarrae tertius dominus / supremus Bearni / 1592).

De la résidence royale au musée national

Les transformations postérieures sont plus modérées et visent à améliorer le lieu de résidence : aménagement d'écuries au rez-de-chaussée du bâtiment nord, entretien des prisons dans l'ancien donjon fébusien... Un nouvel accès oriental est composé en lien avec la ville haute, sous la forme d'un portique à triple arcade, sculpté d'un vocabulaire décoratif renaissant, accolé à un bâtiment de 2 étages carrés et un étage de comble, lui-même accolé au nord à la tour Napoléon III (4 étages carrés, un étage de comble).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : galet

    Revêtement : enduit

  3. Matériau du gros oeuvre : brique

Toits
  1. ardoise
Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 4 étages carrés, étage de comble

Couvrements
  1. voûte en berceau lambris de couvrement
Élévations extérieures

élévation ordonnancée, élévation ordonnancée sans travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : noue

  2. Forme de la couverture : flèche polygonale

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

Autres organes de circulation
  1. ascenseur
Énergies
Couverts et découverts de jardin
  1. topiaire
  2. groupe d'arbres
  3. plate-bande
  4. pelouse
État de conservation
  1. restauré
Décors/Technique
  1. sculpture
  2. vitrail (étudié)
Décors/Représentation
  1. Representations : arabesque


Précision sur la représentation :

Henricus dei gratia / Christianissimus rex Franciae / Navarrae tertius dominus / supremus Bearni / 1592

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Pyrénées-Atlantiques , Pau , rue du Château

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 C 1275-1294 ; 1348 ; 1351 ; 1363-1367, 2016 BY 454, 2016 CE 91 ; 116 ; 131, 2016 CH 21

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